Une vague symbolique



"Eyesland"
acrylique sur toile
90X60 

J'aime beaucoup la portée et l'efficacité des symboles. J'entends par symbole tout ce qui par association prend un sens.

(parler de symbole est une chose qui se veut compliquée et je n'ai pas du tout l'envie de développer sur de la sémiologie ou sémiotique parce que c'est chiant, et j'avoue en être incapable, alors je me contenterai de ces deux lignes comme cadre de ce que je veux raconter)

L'art est tributaire des symboles et il paraît difficile de les dissocier (selon moi). Et comme l'art ne doit pas être confondu avec de la "signalisation" il me semble important, en temps qu'artiste, de jouer de leurs formes pour jouer de leurs sens. 

"Eyesland" est blindée de symbolique mais pour éviter de tomber dans de l'exhaustif il y a juste une chose sur laquelle je voudrais être explicite.

On nous rabâche souvent que l'ensemble de la Polynésie recouvre la surface de l'Europe mais ce qui me semble plus important c'est de noter que les terres émergés ne doivent représenter qu'un millième de cette surface. Même si la population totale de la Polynésie n'est que de 250 000 habitants nous sommes 150 000 à s'agglutiner sur Tahiti (les chiffres datent un peu). 
La promiscuité qu'implique cette géographie donne naissance à ce qu'on nomme "radio cocotier".

LE "Radio cocotier" c'est de savoir tout sur tout le monde avant même que les intéressés ne le sachent eux-même... 
Un jour, j'apprenais moi-même APRÈS ma mère que j'étais rentré de boîte de nuit complètement bourré(!). Elle l'avait appris par la voisine, qui l'a su par une copine, qui l'a su par sa fille que j'avais essayé de draguer la veille avec, apparemment, beaucoup de maladresse...

J'étais scié! Ce n'est qu'une anecdote parmi tant d'autres mais elle me faisait réaliser une chose, c'est que le vieille adage "pour vivre heureux, vivons cachés" devenait physiquement caduc. 

Le poids du regard m'accablait à n'en plus pouvoir. Je n'étais pas connu comme le loup blanc mais j'avais fait suffisamment d'expériences, heureuses et malheureuses, pour me sentir à l'étroit chez moi.

Il y a un symbole récurrent et très connu grâce au $ que je voulais détourner pour illustrer ce qui dans mon cas devenait un vrai problème: le manque d'anonymat. 

 L'oeil de la providence 


   Cet oeil qui voit tout devient la base de ma composition que je voulais intime, c'est-à-dire proche de mon expérience tout en usant d'un symbole, lui, très connu. Ce symbole m'intrigue pour ne pas dire me dérange, il provoque chez moi comme une gêne, cette gêne  que je voulais associer, à ce qu'insularité veut dire.

Je n'assume que maintenant cette insularité parce que je goûte tous les jours, ici en France, à l'anonymat (enfin presque parce que Bordeaux c'est pas si grand...).

Je n'ai plus peur des "on dit" parce que j'assume mes faiblesses et mes doutes en les couchants sur la toile.  Ça paraît paradoxal mais j'accepte mieux certaines choses parce que je m'en décharge grâce à la peinture... 

J'aime mon pays à n'en pas douter, mais je l'aime encore plus parce que je n'y suis pas et que tout ce qui m'exaspérait me manque aujourd'hui.

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1 commentaire:

Mélissia a dit…

Coucou, je suis allé faire un tour sur ton blog après que tu ai laisser un message sur le mien. t je découvre encore une autre manière de peindre que j'apprécie beaucoup à regarder. J'aime ton choix des couleurs et les différents thèmes que tu abordes ^^.
Je pense que je viendrais régulièrement faire un tour sur ton blog pour voir tes nouvelles créations.
Merci de nous montré tes réalisations car elle m'apporte un apprentissage que je ne peux avoir en étudiant à l’université ^^

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