Cuisiner la peinture

S'affirmer dans le monde de l'art alors qu'on est qu'amateur, n'est pas facile. Je n'ai pas suivi de cursus artistique (du moins après mon lycée) et mon bagage théorique ne se fabrique qu'au hasard de mes lectures, et aux coups de coeur.

J'aimerais avoir un langage pictural universel, j'aimerais être capable de réaliser des peintures qui s'adresseraient à tout le monde de par leurs formes et leurs fonds. J'ai le sentiment que la musique est une forme d'art qui transgresse aisément les frontières mais que pour la peinture c'est une autre histoire.

Peindre est une activité très introspective. Je fais souvent appel à des références liées à mes expériences qui inévitablement influencent mes choix, aussi bien dans l'esthétique que des thèmes que j'aborde. Afin de mieux illustrer mes propos je vais tenter de vous présenter une oeuvre que j'ai réalisé alors que je venais juste de m'installer en France.



"Maui"
acrylique sur carton
139X69
Las de la nonchalance du monde le soleil fît de même et se contenta de longer l'horizon ni plus, ni moins.
Désordre et famine obligèrent Maui à réagir et à lui faire reprendre sa course.
" Comment approcher l'horizon sans que l'horizon lui-même ne se doute de quoi que ce soit? Comment approcher l'horizon et se saisir de l'astre récalcitrant?
Requin, tu seras ma couverture."






Cela fait donc 5 ans que je vis en France et 5 ans que je fais de la peinture. La transition de la Polynésie à la métropole à été rude. Quitter maman, les copains, ma voiture et mes habitudes a fait naître une certaine nostalgie du pays. La mythologie Polynésienne s'est trouvée être le thème que je privilégiais dans mes peintures de cette période car elle a cette force fantasmagorique qui ouvre aisément à la créativité.

Cette peinture illustre une des légendes Polynésienne les plus connues; Maui qui capture le soleil. 

J'utilisais pour mon projet tous les symboles forts que j'avais croisés jusque là.
Le requin était un symbole de protection et de pérennité dans la société Polynésienne. L'absurdité que je trouvais à sa pêche intensive et qui menace d'instinction cet animal me confortait dans mon choix de le représenter dépecé sur les épaules de Maui.
Maui est en quelque sorte l'Hercule d'Océanie et je me souvenais d'un des travaux du demi-dieu Grecque qui tua à main nu le lion de Némée. Il se servit pour la suite de sa quête de la peau de ce lion comme protection et l'avait enfilé comme armure divine. Le clin d'oeil était bien là encore fallait-il connaître ces deux personnages et leur mythologie respective.

Depuis tout jeune j'ai toujours eu un faible pour les mangas et les comics. Je suis de la génération du Club Dorothée et c'était un rendez-vous que je ne pouvais rater sous aucun prétexte. L'esthétique des héros nippons et Américains me faisait vibrer. La force qui se dégageait de ces personnage était sans aucun doute liée au style graphique propre au genre, et, c'est cette force que je voulais pour mon sujet héroïque.

Et enfin, le rendu volontairement "caravagien" de la composition en clair-obscure est sensé mystifier la scène.

Je me sers à la manière d'un cuisinier d'ingrédients parfois exotiques, parfois produits du terroir pour créer un nouveau plat. Je n'invente rien je réarrange pour produire quelque chose qui n'a d'innovant (j'y travaille du moins) que la mise en lien de formes à première vue hétérogènes.

Je suis tributaire et sensible à la critique. Une critique corrosive mais honnête et argumenté me vexera (ou pas...) et je tenterai d'y répondre (ou pas...).  


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2 commentaires:

Anonyme a dit…

Pour un "amateur" ..... tu as beaucoup de talents !!!! Tony Brunet

Vaianu H. a dit…

Tony,

c'est surtout beaucoup d'acharnement, d'entêtement et surtout beaucoup d'échecs. Sur 10 tableaux il y en a peut être qu'un que je garde. Merci beaucoup pour le "talents" et aussi pour les 4 points d'exclamation !!!!
nana

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